ECOPATURING BIQUETTE

Montréal, Août 2023
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Voilà plusieurs fois déjà qu’en passant au Parc Maisonneuve, j’avais cette impression, en voyant gambader certains animaux insolites pour un milieu urbain, de me retrouver à la campagne...
Ce matin-là, j’ai donc décidé de me munir de mon appareil photo et d’aller à la rencontre des moutons de l’équipe de bergers bénévoles de Biquette Eco pâturage.
En cherchant du côté nord du parc Maisonneuve, on découvre ce que je pourrais qualifier d'oasis champêtre : Il s’agit du Repaire de Biquette, une mini ferme urbaine à vocation pédagogique en accès libre, ouverte durant tout l’été. On y retrouve à la fois des potagers fonctionnant sur le principe de la permaculture, un poulailler avec une race patrimoniale du Québec (la Chantecler), la culture de plantes médicinales. Le tout est accompagné de nombreuses fiches informatives permettant aux visiteurs d’en apprendre beaucoup sur les vertus des plantes, la vie des poules, et bien d’autres sujets se rapportant aux activités du Repaire de Biquette.
Et ce qui attire énormément les visiteurs, petits et grands, et qui est à l’origine du projet de Biquette Eco-pâturage, ce sont nos amis les moutons !
Il est neuf heures du matin, et l’équipe de quatre bergers bénévoles responsable des moutons, s’active à les faire sortir de la bergerie mobile.
Après que les bergers eurent distribué les céréales dans des mangeoires, les céréales étant un complément alimentaire nécessaire au bon équilibre des animaux, notre troupeau de moutons, accompagné par les bergers, gagne les « grands espaces » du parc Maisonneuve; du moins des espaces suffisamment grands pour que le troupeau constitué d’une quinzaine de moutons, ait la liberté de se mouvoir et de paître paisiblement dans les sections que la ville a dédiées à cette activité, et ou l’herbe n’est pas tondue. Cela permet ainsi aux moutons de jouer les tondeuses naturelles en apportant ainsi un service écologique non négligeable, en réduisant à la fois l’utilisation des tondeuses à essence et l’usage de pesticides.
Le petit troupeau de bêtes frisées avance à son rythme et se dirige vers les endroits les plus intéressants à brouter, car les moutons apprécient beaucoup les pissenlits et les trèfles. J’apprends également que le cheptel est assez facile à diriger, car même s’il y a parfois quelques retardataires, le troupeau reste relativement bien groupé. Chaque individu a sa personnalité et son caractère, et même si certains individus sont davantage dominants, le troupeau ne suit pas forcément toujours le même animal. Cela dépend des jours.
L’équipe de bergers s’assure en tout temps que les moutons puissent brouter librement et ne soient pas stressés. Aussi, tout en répondant aux questions des citadins, et bien que les moutons soient de nature grégaire, les bergers avisent les visiteurs que pour le bien-être des animaux, il est important de ne pas les nourrir ni de les caresser.
Il y a plusieurs générations dans ce troupeau, dont plusieurs agneaux nés ce printemps. Vous pouvez d’ailleurs en savoir davantage sur tout le cheptel en consultant le site internet de Biquette.
Après avoir déambulé dans différentes sections du parc, dont une partie qui était assez marécageuse, en raison des fréquents orages du mois d’août, je vois que plusieurs moutons se mettent à respirer plus rapidement…sans pour autant qu'ils se soient mis à courir ; J'apprendrai que les moutons respirent plus vite quand ils se mettent à ruminer, c'est à dire qu'ils remâchent les bouchées d'herbe qu'ils avaient broutée sans vraiment les mâcher; Ce processus dégage de la chaleur et c'est pourquoi nos amis halètent pour se rafraîchir. A tour de rôle, je vois les différents moutons se mettre à haleter. Finalement, le temps est venu de retourner à la bergerie et nos amis laineux connaissent bien le chemin du retour.
Seul obstacle sur le chemin, la piste cyclable à traverser, mais nos guides s’assurent que les cyclistes (d’ailleurs peu présents ce matin-là) soient bien avisés de la traversée du troupeau.
Enfin, notre groupe va s’installer sous la bergerie-remorque pour poursuivre leur rumination. Déjà quelques agneaux et brebis plus affectueux viennent chercher des caresses auprès des bénévoles qu’ils connaissent bien, car plusieurs membres de l’équipe, comme Yvon, sont présents chaque été depuis plusieurs années.
Ils sont en tout 125 bénévoles à faire fonctionner, par équipe et à tour de rôle, les activités du Repaire de Biquette. Cet OBNL, qui a vu le jour en 2016, a connu une belle évolution.
Annie Cloutier, qui coordonne les activités du Repaire de Biquette nous signale qu’à ses débuts, les moutons étaient restreints à de petits enclos dans certains parcs. L’installation au Parc Maisonneuve a permis d’élargir les activités à l’agriculture urbaine, en plus de permettre aux moutons d’évoluer plus librement dans le parc.
Les défis restent importants car l’OBNL est confronté à des enjeux budgétaires, organisationnels et logistiques. Par exemple, trouver des agriculteurs motivés à venir faire des livraisons de foin sur l’île de Montréal n’est pas une mince affaire. L’organisme se retrouve alors contraint de faire des commandes plus conséquentes de foin. Mais, le Repaire de Biquette a de beaux projets et espère bien avoir la possibilité d’établir une ferme permanente au Parc Maisonneuve.
Aussi, n'hésitez pas à aller voir le Repaire de Biquette. Vous y trouverez certainement des activités qui pourraient vous intéresser.
Un grand merci aux membres de l’équipe présents ce matin-là. Nos échanges ont été très intéressants. C’était vraiment très agréable de passer cette matinée en présence des moutons.